De tous les grands sculpteurs de la seconde moitié du 18e siècle, Claude Michel dit Clodion est probablement l’un des plus connus et son nom évoque dans l’esprit de beaucoup une bacchanale en terre cuite, un bas relief ou un tirage en bronze vus chez un commissaire-priseur, dans une galerie, à Drouot ou dans un musée.
Claude Michel dit Clodion né à Nancy en 1738 alors capitale du duché de Lorraine et y passe toute sa jeunesse. En 1755, il part pour Paris afin d’entrée en apprentissage dans l’atelier de son oncle maternel le sculpteur baroque Lambert Sigisbert Adam (1700-1759). En 1759, Clodion intègre l’atelier de Jean-Baptiste Pigalle (1714-1785) où il s’initie au nouveau style en vigueur la transition entre les styles rocaille et néoclassique.
En 1759, notre jeune sculpteur gagne le grand prix de sculpture de l’Académie Royale et en 1761 le première médaille d’argent pour ses études d’après modèles. En 1762, Clodion part pour Rome où il partage un atelier avec le sculpteur Jean-Antoine Houdon. Son activité sera considérable entre 1767 et 1771. Catherine II de Russie, grande amatrice d’art, tente de s'assurer de sa présence à Saint-Pétersbourg, mais il préfère rentrer à Paris.
Parmi ses nombreux clients on compte le chapitre de Rouen et les Etats du Languedoc. Clodion expose fréquemment au Salon. En 1782, il épousa Catherine Flore, fille du sculpteur Augustin Pajou, dont il divorcera par la suite.
Clodion, "L'offrande au Dieu", © Ader
On distingue deux grandes périodes dans son œuvre.
Une période influencée par Pigalle dans laquelle ses sculptures souvent de petites dimensions et en terre cuite sont inspirées de la mythologie grecque. Il représente fréquemment des faunes et des satyres enlaçant voluptueusement une bacchante. C’est la période charnière entre le baroque et le néoclassicisme. Dans ces terres cuites, le thème de Bacchus ainsi que la lascivité des modelés nous ramènent au Baroque tandis que le choix des sujets directement inspirés de l’Antiquité nous annonce le Néoclassicisme naissant.
Ces sculptures de petites dimensions en terre cuite étaient fort prisés des amateurs de l’époque et sont encore aujourd’hui particulièrement recherchées, ce qui explique leur cote en ventes aux enchères.
Sa seconde période est marquée par le néoclassicisme style dominant à partir de 1770. Ses sculptures se distinguent alors par des bas reliefs à l’antique, des sculptures monumentales en particulier plusieurs monuments et surtout une très importante production destinée aux arts décoratifs. Ainsi, il fournit des bas reliefs aux bronziers pour des meubles de Riesener ou de Roentgen et des pendules souvent bornes. Il fournit également des modèles en haut reliefs de vestales, faunes et bacchantes pour des candélabres et torchères.
D'après Clodion, Bacchanale, épreuve en bronze doré, Cabinet d'expertise Authenticité, © Art Valorem
Clodion s’éteint en 1814 à Paris dans un certain oubli pour n’être redécouvert que vers le milieu du 19e siècle.
Clodion est certainement le sculpteur qui symbolise le mieux la grâce et l’équilibre de l’art du 18e siècle. Que ce soit dans ces sculptures ou dans ses bas reliefs destinés aux ébénistes, son style reste inimitable.
Nous attirons votre attention sur le fait que de nombreuses sculptures « à la bacchante » attribuées à Clodion sont des faux ou des copies tardives. A partir de la fin du 19e siècle, un certain nombre de sculptures de l’artiste seront éditées en bronze.
Cédric Henon, expert en mobilier et objets d'art anciens, expertise, inventaire, estimation
Faire expertiser, acheter ou vendre ? : les experts conseil en œuvres d'art du cabinet européen Authenticité sont à votre disposition pour estimer en ligne ou expertiser sur rendez-vous vos meubles, tableaux et sculptures. Ils vous accompagnent également pour les vendre dans les meilleures conditions.
Illustration principale: Clodion, groupe en terre cuite avec une nymphe, © Beaussant-Lefèvre