« Attribué à Picasso », « de Picasso », « signé Picasso » « portant une signature : Picasso »… sont des expressions qui reflètent des réalités bien différentes. Pour pouvoir décrypter ces subtilités, il faut savoir maîtriser le langage particulier des catalogues de ventes.
En France, les termes et mentions les plus fréquemment utilisés dans les catalogues de ventes publiques aux enchères, sont réglementés par un décret datant du 3 mars 1981.
1 - Comprendre les catalogues de ventes de peintures, dessins et sculptures.
La signature est elle garantie ?
Lorsque l’expert en tableaux et dessins anciens, modernes et contemporains, précise qu’une œuvre « porte la signature de X », est
« signé : X », il garantit, à moins qu’il ne l’accompagne « d’une réserve expresse sur l’authenticité » que l’œuvre a bien été réalisé par l’artiste ou l’exécutant cité.
« Il en va de même lorsque le nom de l’artiste est immédiatement suivi de la désignation ou du titre de l’œuvre » (Article 3 du décret du 3 mars 1981).
Dans notre exemple, l’expert nous précise que l’aquarelle proposée à la vente sous le numéro 174 , est « signé en bas à droite : Le Corbusier ». Il précise ainsi qu'elle est bien de la main de Charles-Edouard Jeanneret dit le Corbusier (1887-1965).
Que signifie le terme « Attribué à » ?
Lorsque l’expert utilise la mention « Attribué à »(article 4) suivi du nom d’un artiste et de ses dates de vie, il garantit que la toile a été peinte pendant la période de production reconnue de l’artiste et qu’il en est son auteur le plus vraisemblable.
Dans notre exemple, l’expert garantit que la toile référencée sous le numéro 31 de la vente publique aux enchères a été réalisée au cours de la période de production de Pietro Dandini (1646-1712). L’auteur vraisemblable de l’œuvre est le peintre Pietro Dandini (1646-1712). Il ne peut le garantir à 100% mais des « présomptions sérieuses » dont il pourra faire la preuve, désigne Dandini comme l’auteur du tableau.
Qu’est qu’une « Ecole » flamande ?
Lorsque l’expert en tableaux et dessins anciens utilise le terme « Ecole » suivie d’une origine géographique ainsi que de la mention d’une époque, (dans notre exemple « flamande du début du XVIIIème siècle »), il engage sa responsabilité et garantit que la toile proposée à la vente (sous le numéro 50 dans notre exemple) et dont il a réalisé l’expertise en vue de la vente, est de la main d'un peintre anonyme ayant exercé dans les Flandres au début XVIIIème siècle.
Qui est l’auteur d’une peinture « dans le goût de », « style », « manière de », « genre de », « d’après », « façon de » ?
Lorsque l’expert utilise l’une de ces expressions pour décrire un « lot » à vendre, il ne garantit ni l’identité de l‘artiste, ni la date de création de l’œuvre.
L’article 7 du décret du 3 mars 1981 précise : « Les expressions “dans le goût de”, “style”, “manière de”, “genre de”, “d’après”, “façon de”, ne confèrent aucune garantie particulière d’identité d’artiste, de date de l’œuvre, ou d’école ».
Dans notre exemple, l’expert précise que la toile présentée à la vente sous le numéro 42 , est inspirée d’une composition de François Desportes. L’auteur de l’œuvre demeure anonyme et n’est pas François Desportes. L’expert ne garantit pas l’époque de réalisation de la peinture sur toile.
2- Comprendre les catalogues de ventes de meubles et d'objets d'art.
Que dit l’estampille ou la marque de fondeur ?
Lorsque l’expert précise que le meuble ou l’objet d’art porte la signature ou la marque de tel exécutant, et à moins qu’il ne l’accompagne « d’une réserve expresse sur l’authenticité » (Article 3), il garantit que ce dernier a été réalisé par l’artiste ou l’exécutant cité.
Dans notre exemple, L’expert n’émet aucun doute sur l’auteur du « Beau canapé » à vendre. Le canapé a été réalisé par : « N.Heurtaut », le menuisier en siège, Nicolas Heurtaut, reçu maître le 22 août 1753.
D'« Epoque » ou de « Style » ?
Lorsque l’expert utilise le terme « époque », il indique que le meuble ou l’objet d’art a bien été réalisé à l’époque indiquée.
Lorsque l'expert utilise le terme « style», il indique que l'objet a été fabriqué à une date postérieure.
Dans notre exemple, l’expert nous précise que la paire de fauteuils est
« d’époque Directoire » et la paire de chaises « de style Directoire ». L'ensemble des quatres sièges ne présentent pas la même ancienneté, ce qui est un critère dévalorisant pour l'ensemble.
Le marbre est-il d’époque ?
En France, l’ordre des termes utilisés par l’expert en meubles et objets d’art est très important. Toutes les mentions précisées après la référence à l'époque de réalisation, sont considérées comme étant de fabrication plus récente.
Dans notre exemple, « Plateau de marbre blanc veiné » est placé après
« Transition des époques Louis XV et Louis XVI » . L'expert tient ainsi à préciser que le marbre est de fabrication postérieure à l’époque Transition Louis XV-Louis XVI.
L’article 2 du décret du 3 mars 1981 précise en effet que : "Lorsqu’une ou plusieurs parties de l’œuvre ou objet sont de fabrication postérieure, l’acquéreur doit en être informé ».
Les catalogues de ventes aux enchères vous sont maintenant moins étrangers. Publiés généralement un mois avant le déroulement de la vente, ils vous permettent de découvrir en exclusivité les œuvres d’art et objets de collection qui seront vendus. Lisez les, "épluchez" les, vous y trouverez des trésors…
Laurent Hache, expert conseil en oeuvres d'art
Contacter l'auteur : contact@authenticite.fr
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